Grimoire d'hier et d'aujourd'hui
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 Nouvelle de roman noir

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kich

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MessageSujet: Nouvelle de roman noir   Nouvelle de roman noir Icon_minitimeLun 6 Aoû - 0:20

Maintenant que je suis revenue de mes "vacances/stage" à Prague, je fais un peti saut ici pour poster une nouvelle nouvelle!

Bon je sais, c'est pas vraiment le thème du forum mais bon, de la même façon que la nouvelle de science fiction, j'ai du rédiger une nouvelle de roman noir.

Cette fois-ci, je me suis inspirée d'un fait divers réel (c'était la consigne) peut-être que vous connaissez l'histoire ...
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kich

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MessageSujet: Re: Nouvelle de roman noir   Nouvelle de roman noir Icon_minitimeLun 6 Aoû - 0:24

Juliette,



La lettre qui suit est pour toi. Je l’ai écrite avant mon arrestation, avant de savoir que je vais bientôt mourir et que je ne pourrai te revoir.

Je veux que tu la lises. Elle raconte ma vie, mon histoire, les épisodes que tu connais, que j’ai vécus avec toi, et ceux que tu ne connais pas, que ce soit parce que je ne te connaissais pas encore, ou que ce soit ceux que je t’ai volontairement cachés.

Tu as été l’amour de ma vie, ma maîtresse, mais aussi ma confidente. Je veux que tu oublies tout ce que j’ai pu faire de mal dans mon existence, que tu n’éprouve aucun remords et que tu continues à vivre, en me gardant une petite place au plus profond de ton cœur.


Je t’aime


Ton François




Avril 1919


Je crois que la police ne va pas tarder à trouver ma trace. Je n’ai pas été assez prudent depuis que j’ai pris le nom de Leroy, j’aurais dû prendre beaucoup plus de précautions depuis la mort d’Élise. Ah, Élise ! Ce qu’elle était jolie … Mais elle n’était vraiment pas très intelligente ; en deux semaines à peine, nous étions fiancés. Ca a vraiment été la plus facile de toutes. A l’avenir, il faudra que je trouve d’autres femmes comme elle, ça me permettra de récupérer l’argent plus vite, et ma femme et mes quatre enfants auront donc de quoi vivre, ainsi que Juliette et moi.

Je dois retourner à la maison pour faire disparaître un peu plus les traces. Il reste sûrement des marques du passage d’Élise, mais peut-être aussi de celui de Louise. A coup sûr, j’ai oublié un chapeau tombé derrière une commode, un sac laissé au fond d’une armoire, ou même des dents. Je ne me rappelle plus si je les ai enterrées la dernière fois. J’étais si nerveux, tout ça à cause de ces foutus voisins. Je me rappelle encore ce qu’ils m’ont dit comme si c’était hier :

« Bonjour, monsieur Perrin, nous sommes monsieur et madame Levefre, vos voisins.
- Ah oui … bonjour.
- Voila, nous sommes désolés de vous déranger, mais nous voulions juste vous signaler qu’il est fort possible que vous ayez un problème avec votre cheminée.
- Ah bon ?
- Oui, depuis quelques temps, lorsque vous la faites marcher, il y a une épaisse fumée noire qui s’en échappe ainsi qu’une forte odeur, ce qui est assez insupportable, je dois dire.
- Ah …
- Cela fait quelques temps déjà que nous voulions vous le dire mais nous n’arrivons jamais à vous croiser.
- Oui, peut-être. Je vais vérifier ça, et je la ferai réparer. Merci à vous de m’avoir averti. Bonne journée.
- … Euh, oui, merci, bonne journée à vous aussi. »

Non mais vraiment, comme si la fumée pouvait les déranger alors qu’ils habitent à plus de trois cent mètres de chez moi et que le vent ne va jamais dans leur direction. Je suis sûr que ce n’était que de la pure curiosité de leur part. Ils ont dû me voir arriver avec Élise, et ont dû trouver ça bizarre, puisqu’ils m’avaient croisé quelques mois auparavant avec Louise.

Il est vrai que ça commence à se compliquer. Élise est la onzième femme que je tue, mais c’est au moins la trentième que j’escroque de son argent, et je ne compte même plus le nombre de femmes qui m’ont contacté. Il y en a tellement ! A croire qu’elles sont toutes seules et désespérées …

Dit tel quel, c’est assez impressionnant, je l’avoue, mais je n’ai pas toujours été comme ça. Je viens d’une famille, certes pauvre, mais où bonheur et amour régnaient. Mes parents m’adoraient et me gâtaient. J’ai été éduqué par les frères, et ai ainsi appris ce qui est bon, ce qui est mal, ce que l’on peut faire et ce que l’on ne doit pas faire. J’ai donc reçu une très bonne éducation, qu’elle soit religieuse ou qu’elle ne le soit pas. Puis, mon avenir s’est heurté à une barrière infranchissable : l’argent. Je n’avais pas assez d’argent pour continuer mes études, je suis donc entré dans une étude d’architecture, pour gagner ma vie.

C’est à peu près à la même époque que j’ai commencé à fréquenter Marie. Avant de devenir ma femme, elle était une de mes cousines éloignées. Nous nous étions déjà croisés à plusieurs reprises aux réunions de famille, mais sans jamais réellement nouer le contact. Puis, un dimanche, lors d’une de ses fameuses réunions, alors que nous étions tous au bord de l’étang à prendre le soleil, elle s’est approchée de moi. Vêtue d’une robe blanche toute simple et avec ses longs cheveux blonds détachés, elle semblait si jeune et si douce. Elle s’est assise à mes côtés et nous avons commencé à parler pour ne plus nous arrêter jusqu’au soir. Nous étions tous les deux sous le charme de l’autre.

Entre nous, tout est allé très vite, en à peine trois mois, elle est tombée enceinte. Nous nous sommes donc mariés et sommes partis vivre à Paris, quittant enfin la Seine et Oise et surtout Villiers, cette ville qui commençait à m’ennuyer. Notre premier enfant est né, nous l’avons appelée Camille. En changeant de maison, j’ai dû changer de métier, et je me suis tourné vers la comptabilité.

Peu à peu, mon travail devint répétitif et ennuyant, et à partir d’un certain moment, je ne pouvais tout simplement plus travailler, je n’avais plus aucune motivation, aucune envie, aucune volonté. Je démissionnais donc et cherchais un nouvel emploi. Je devins alors entrepreneur de travaux. Là encore, aucun entrain pour mon boulot, aucune passion. Cependant, je ne pouvais pas quitter tout de suite ce travail, puisque l’on attendait notre deuxième enfant. Dès que Joseph fut né et que Marie put reprendre son travail de couturière, je décidai de changer une nouvelle fois de métier.

Je renouvelai ce petit jeu une dizaine de fois, chaque emploi étant encore plus ennuyeux que le précédent. Ceci m’avait cependant permis d’observer un grand nombre de personnes. Et j’en ai tiré un constat : une bonne partie de mes anciens collègues possédaient, que ce soit la leur, ou celle de leurs proches, une bicyclette. Et l’autre partie aurait aimé en avoir une. C’est à partir de là que m’est venue mon idée de fonder une fabrique de bicyclette.

Le principe était simple : ma petite usine, Arc-en-cycle, fabriquerait des bicyclettes qui seraient vendues dans toute la France. Pour cela, nous avons réalisé une grande campagne publicitaire nationale. Chaque commande passée devait être accompagnée d’un mandat représentant un tiers du prix de la bicyclette. La campagne eut un très bon effet et énormément de commandes furent passées. Lorsque le total des mandats atteignit une somme relativement confortable, je décidai que je pouvais alors disparaître avec l’argent, sans jamais livrer les bicyclettes.

Je ne fus pas arrêté pour cette première escroquerie. C’est sûrement ce qui me poussa à continuer dans cette voie ; facilité d’abuser les gens, mais aussi d’échapper à la justice, et bon moyen pour gagner facilement de l’argent. Cependant, en 1904, je me fis prendre et fus condamné à deux ans de prison. Ma vie là-bas eut ses bons côtés comme ses mauvais. J’étais séparé de ma femme, de mes enfants, la vie était dure, je pouvais me faire attaquer par n’importe lequel des détenus… Mais à côté de ça, j’y appris plein de techniques et astuces qui pouvaient me servir pour mes arnaques ; la première et la plus importante étant sûrement de prendre un faux nom, ce qui brouillerait les pistes de la police.

Je ne fis pas les deux ans entiers, ni les treize mois de la condamnation suivante, j’avais trouvé le moyen de sortir plus vite de prison : les médecins psychiatres. Ceux-ci me déclaraient « dans un état mental maladif qui, sans être de la folie, n'est plus du moins l'état normal » et cela me permettait de partir avant la fin de ma peine. Bien sûr, je n’avais rien du tout, mais le laissais croire lors de mes séjours en prison.

Puis à partir de 1909, je me lançais dans un nouveau genre d’escroquerie. Je pense que j’avais alors trouvé le meilleur moyen de trouver de l’argent facile. Je passais quelques annonces matrimoniales dans les journaux. Celles-ci avaient à peu près cette forme :

« Veuf de 40 ans, seul, possédant une certaine aisance, cherche femme, divorcée ou veuve, pour réapprendre à vivre et à profiter de la vie avec quelqu’un bienveillant et affectueux à ses côtés. Pour me contacter : Monsieur Tartempion au 12.56.42.07.22. »

Beaucoup de femmes répondirent à mon annonce ; j’en rencontrais plusieurs et finalement mon choix se fixa sur Odette Bonnet. C’était celle qui possédait le plus d’argent. Son mari était mort quelques années auparavant, lui laissant quelques économies auxquelles elle n’avait guère touchées car elle travaillait - elle était secrétaire. Elle était un peu plus jeune que moi, encore assez jolie, mais très réservée et timide avec les gens qu’elle ne connaissait pas, ce qui expliquait qu’elle ne s’était pas remariée. Avec moi, elle s’abandonna assez vite et succomba à mon charme. En à peine quelques semaines, nos fiançailles étaient annoncées. Elle n’avait pas ou peu de famille, et lors de la petite fête pour l’annonce elle n’avait invité que peu d’amis, ce qui m’arrangeait parfaitement, car moins elle avait de proches et d’amis, plus il me serait facile de disparaître une fois ma malversation accomplie.

Une fois les réjouissances passées, nous sommes revenus à notre petite vie tranquille, et ce que j’attendais tant arriva : elle me fit une procuration sur son compte bancaire. Je pris tout l’argent qui était dessus et m’enfuit. Malheureusement pour moi, je ne m’étais pas assez intéressé au peu d’amis qu’elle avait. Parmi ceux-ci se trouvait un policier, et c’est à cause de lui que je fus de nouveau envoyé en prison. Il était invité à la petite fête pour nos fiançailles et m’avait donc vu, et lorsque je m’enfuis, il chercha dans les casiers judiciaires si j’y figurais, ce qui était le cas. Cette fois-ci, je fis mes trois ans en entier et sorti de prison mieux préparé pour mes prochaines escroqueries, que ce soit concernant les femmes ou que ce soit dans un autre domaine.

Je continuai les annonces matrimoniales et récupérai assez d’argent - une vingtaine de femmes s’étaient laissées prendre à mes annonces - pour faire vivre ma petite famille qui se composait maintenant de quatre enfants. Mais les temps se faisaient durs et ma femme avait besoin de plus d’argent pour subvenir aux besoins du ménage. Je décidai donc de monter un plus gros coup.

Les petites annonces me servirent une fois de plus. J’y repérais un homme voulant vendre son garage. Je décidai alors que j’allais « acheter » ce garage mais que j’allais le revendre aussitôt, sans avoir payé le propriétaire. Je réussi à le revendre et pris la fuite, mais ayant utilisé bêtement mon véritable nom – un oubli impardonnable qui ne se reproduit plus - je fus condamné, par défaut, à quatre ans de prison. C’était ma quatrième condamnation à une peine de plus de trois mois, ce qui signifiait que j’étais condamné à être déporté à vie au bagne, en Guyane. Durant mes séjours en prison, j’avais entendu d’horribles choses à propos de Cayenne, comme quoi les conditions de travail et de vie étaient épouvantables, et que l’on mourrait très vite là-bas. Je ne voulais pas y aller, et surtout si j’y allais, comment ma famille allait-elle survivre sans l’argent que je leur apportais ?

Je me cachais donc un certain temps dans la maison familiale de Villiers - mes parents étant morts depuis plusieurs années, je l’avais pour moi seul. Je ne pouvais plus retourner chez moi pendant un certain temps car mon foyer était surveillé par la police, et ma femme avait été interrogée. Heureusement je ne lui avais rien raconté, comme cela elle ne pouvait rien dire, et elle fut rapidement laissée tranquille.

De telles mesures ne pouvaient que me forcer à être de plus en plus prudent. Je ne pouvais me permettre que l’on me retrouve. En plus de changer de nom, il fallait que je trouve un moyen pour que mes victimes ne puissent porter plainte contre moi. Et c’est tout naturellement que vint l’idée de faire disparaître mes cibles une fois mon but atteint. C’est pour cela qu’à partir de ce moment, je me consacrai uniquement aux femmes et aux annonces matrimoniales car c’était le plus discret.
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kich

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MessageSujet: Re: Nouvelle de roman noir   Nouvelle de roman noir Icon_minitimeLun 6 Aoû - 0:24

Marguerite Mercier fut ma première victime. Lorsqu’elle répondit à mon annonce, la France était déjà entrée en guerre et celle-ci avait déjà fait ses premières victimes, ainsi que ses premières veuves. Son mari était mort au tout début et cela faisait maintenant plus d’un an que Marguerite était seule. Elle répondit à mon annonce parue dans Le petit quotidien de l’Entre-Deux. C’était son premier rendez-vous avec un homme depuis que le sien avait été tué. Elle avait une certaine appréhension, mais ayant une bonne expérience derrière moi, je réussi facilement à la mettre à l’aise. Nous nous étions donné rendez-vous sur les bords de la Seine ; nous avons marché, papoté, ri … toute la journée.

Elle était encore jeune, à peine 30 ans, assez jolie, surtout lorsqu’elle souriait et montrait ses fossettes. De petite taille, elle avait de ravissants cheveux noirs, longs et bouclés, une peau si pâle qu’on voyait le bleu de ses veines, un adorable petit nez retroussé piqué de taches de rousseur, et enfin de superbes yeux bleus, si grands, si éclatants et si profonds à la fois. Cependant, ce portrait idyllique s’arrête ici. Elle n’était pas très intelligente, avait peu de culture et était beaucoup trop naïve. Elle m’a tout de suite fait confiance. En effet, j’ai emménagé très vite chez elle, et nos fiançailles sont arrivées peu de temps après.

Sous prétexte de lui montrer mon village natal, je l’invitais à venir séjourner quelques temps chez moi, à Villiers. Elle accepta l’invitation et je lui réservais un aller simple en train pour Villiers, pendant que je me prenais un aller-retour. Bien sûr, j’avais déjà obtenu la procuration sur son compte. Une fois arrivés là-bas, elle décida de faire une sieste, pendant que j’étais chargé d’aller faire les courses. J’attendis une bonne demi-heure, pour qu’elle soit dans une phase de sommeil profond. J’avais préparé un sac plastique pour l’étouffer ainsi qu’un gros livre pour l’assommer, pour qu’elle ne se réveille pas pendant l’ « opération ».

Tout se déroula parfaitement bien. Je l’assommai sans qu’elle se réveille et elle mourut étouffée, sans souffrir. Je devais à présent me débarrasser du corps. Je ne pouvais me permettre de l’enterrer dans mon jardin ou dans les environs, car n’importe quel chien ou même n’importe qui pouvait creuser et trouver le corps. C’était vraiment une solution à exclure. J’ai cherché la solution pendant des heures, alors qu’elle était juste là, sous mon nez. Le fourneau de la cuisine !

Mais je ne pouvais pas raisonnablement brûler tout le corps, cela aurait été trop difficile. Je décidai donc d’en brûler une partie et d’enterrer, dans les bois ou dans les étangs, le reste. Il me fallut acheter des scies à métaux pour pouvoir séparer les parties du corps de mes victimes. Les bras, les jambes et le buste seraient enterrés et la tête, les mains et les pieds brûlés. De cette façon, si des parties de corps étaient retrouvées, ce ne serait en aucun cas suffisant pour identifier le cadavre. Je devais aussi arracher les dents et les enterrer dans un autre endroit.

J’accomplis donc mon premier meurtre. Je dois avouer que cela ne me posa guère de problèmes moraux, peu de remords, et même une légère pointe d’excitation. Je récupérai tout l’argent déposé sur son compte bancaire et retournai sur Paris pour voir ma femme et mes enfants. La surveillance de notre maison était oubliée ; en ces temps de guerre, les soldats manquaient cruellement et le nombre de policiers diminuaient donc de plus en plus. Je pouvais ainsi me permettre de rentrer de temps en temps.

Je continuais donc de cette façon, poursuivant mes annonces matrimoniales sous divers noms, je rencontrais des femmes, sélectionnais les plus riches, me fiançais avec elles, les assassinais, et récupérais leur argent. Mais cette petite cadence, devenue presque habituelle, fut brutalement interrompue lorsque je fis la connaissance de Juliette Morin.

Elle répondit, elle aussi, à une des annonces. Pour elle, je m’appelais Auguste Menard. Elle me croyait veuf et sans famille, elle était divorcée et avait de nombreuses connaissances. Elle pensait que j’étais patron d’une petite entreprise, c’était une ex prostituée. Entre nous le courant passa tout de suite. Elle avait l’habitude de fréquenter des hommes, du fait de son ancien métier, et j’avais moi-même pris le coup de main des premiers rendez-vous. Elle comprit relativement vite que je n’avais pas d’argent, mais n’en dit rien.

Contrairement aux précédentes, il y avait quelque chose en elle qui m’interdisait de la tuer ou même d’y penser. Sans m’en rendre compte, je tombais peu à peu amoureux de cette femme qui avait réussi à me manipuler pour que j’oublie mes funestes desseins. Ce n’était pas une beauté, le temps ne lui avait fait aucun cadeau, mais sa force morale, son intelligence, sa bonne humeur, sa joie de vivre, et son charme m’avaient fait succomber.

Elle devint ma maîtresse, mon nouvel amour… Je ne pus longtemps lui cacher mes activités. Elle ne fit aucun commentaire. Elle ne prit pas peur. Elle savait qu’elle m’avait « attrapé ». Elle me fit comprendre implicitement qu’elle était là si j’avais besoin d’épancher mon cœur. Je m’installai chez elle, je la couvris de cadeaux et je lui ouvris mon âme. Puis, je dus reprendre mes anciennes activités, l’argent commençant à manquer.

Quand je fais le bilan de mes victimes, j’en arrive à peu près à cela :

 Métiers : gouvernante, femme de ménage, secrétaire, couturière… Rien de bien extravagant en somme ;
 Situation familiale : veuve ou divorcée. Parfois des enfants, parfois non ;
 Ages : entre 25 et 40 ans ;
 Souvent peu d’amis, quelques fois un animal domestique, le plus souvent un chien. D’ailleurs, je tuais aussi ceux-ci pour qu’ils n’attirent pas l’attention sur la disparition de leur patronne.

J’en arrive à présent à Élise. Voilà, elle est morte, et je ne sais plus si j’ai nettoyé la maison correctement. Je commence à douter de mes actes, j’ai de plus en plus de trous de mémoire, des troubles de la vue, des bouffées de chaleur… Ma santé et mon moral sont en chute. Et tout ceci n’est guère acceptable dans mon « métier ». Il faut que je me repose avant de rencontrer une nouvelle femme. Je demanderai à Juliette si elle veut prendre quelques jours de repos, en dehors de Paris, au soleil, là où je pourrais oublier tous mes soucis et mes cauchemars.

En effet, depuis que j’ai tué Louise, c’est-à-dire avant Élise, mes rêves sont hantés. Hantés par un doute, par un souvenir. Louise avait eu le malheur de me présenter à quelques personnes de sa famille, lors de notre fête de fiançailles. De ces quelques individus, il y a une femme en particulier qui m’a marqué. C’était une cousine éloignée, je crois, mais surtout une grande bavarde. Toute la journée durant, elle avait colporté ragots sur ragots et n’avait pas arrêté de persifler. C’est le genre de femmes que j’évite habituellement. Pourtant je n’avais pu faire autrement que lui être présenté :

« Monsieur Gustave Mallet.
- Oh ! Enchantée, monsieur Mallet. Et toutes mes félicitations pour vos fiançailles avec Louise.
- Merci …
- Georgette, Georgette Dupond. Je suis une cousine de Louise. Cela faisait bien longtemps qu’on l’attendait, ce moment. La Louise, elle a eu du mal à s’en trouver un nouveau. Faut dire … Ca ne m’étonne pas beaucoup.
- Bon, je suis désolé, mais il faut que j’aille retrouver Louise. Au revoir.
- Oui, c’est cela, au revoir. A une prochaine fois, n’hésitez pas à passez me voir, vous serez toujours bien accueillis ! »

Et cette Georgette, je suis à peu près sur de l’avoir croisée, il y a moins d’une semaine, alors que je sortais de chez le boucher. Et je suis presque certain aussi, qu’elle est rentrée dans la boutique juste après. Elle ne m’a pas adressé la parole, mais nos regards se sont croisés, et j’ai vu dans ses yeux une petite étincelle. Elle m’a forcément reconnu. Et si elle ne l’a pas fait instantanément, cela lui est inévitablement revenu depuis. Louise ayant disparu il y a plus de cinq mois maintenant, sa famille doit être sur le qui-vive pour essayer de trouver ne serait-ce qu’une infime piste.

C’est pourquoi il ne faut pas que je reste chez Juliette, je ne veux pas qu’elle soit impliquée s’il m’arrive quelque chose. Je ne m’en remettrai pas, cela détruirait mon cœur. Et le soulagement de tout ce que je viens d’écrire, de cette sorte de confession intime, ne me serait plus d’aucune utilité. Ma priorité actuelle est donc d’effacer toute trace de mon passage chez elle et de disparaître jusqu’à ce que ce soit un peu plus calme.

...
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